Lorsque j’ai reçu cet échiquier électronique en provenance d’Allemagne, emballé avec grand soin, je n’ai pas été déçu ! Ce Fidelity Kishon Chesster allait être à la fois le premier adversaire de ma collection doté d’une voix, et mon premier programme signé du couple légendaire Dan & Kathe Spracklen.

Commercialisé par Fidelity en 1991, un an après le Chesster Challenger (qu’on trouve surtout sur le marché américain), le Kishon Chesster était destiné principalement au marché allemand – l’un des plus importants pour les échiquiers électroniques. Ces deux modèles font partie d’un segment du marché assez spécifique, et relativement marginal : les échiquiers dotés d’une voix. Il ne s’agit pas ici de bruitages mais bien de voix enregistrées, se permettant des commentaires contextuels au fil de la partie.

Dès mon premier essai de ce Kishon Chesster, j’ai été conquis ! La voix de l’écrivain et satiriste israélien Ephraïm Kishon, qui s’exprime ici en allemand, donne une personnalité remarquable à cet échiquier. Il est évidemment préférable de comprendre un peu la langue de Goethe pour apprécier la teneur des commentaires.
La voix de Kishon accueille l’utilisateur au démarrage de la machine, lui proposant d’engager une partie. Lors de celle-ci, elle annonce les coups de l’ordinateur. De temps à autre, des commentaires informatifs, condescendants ou moqueurs, cohérents avec l’avancement de la partie, donnent à celle-ci une saveur particulière. On la retrouve également lors de l’utilisation des menus de la machine.

Comme son prédécesseur, le Kishon Chesster s’inscrit par ailleurs dans la gamme des Fidelity Designer, des échiquiers de forme carrée, en plastique, dessinés par Franco Rocco. Un design à la fois retro mais qui garde, je trouve, un certain cachet.

Un soir, je me suis lancé dans une partie relativement longue face à cet adversaire original, en extérieur, peu avant la tombée de la nuit. J’ai pris le temps non seulement de noter les coups joués, mais aussi la plupart des commentaires de mon adversaire, sur une feuille de partie. Ma position était de plus en plus prometteuse, la voix de Kishon devenait plus blasée que moqueuse, mais je tenais à finir la partie dehors (et sans éclairage artificiel), et je dus finalement lutter contre l’obscurité pour l’emporter dans la pénombre !
