Yeno 532 XL

Cet échiquier 532 XL de marque Yeno est un cas un peu à part.

Yeno a produit majoritairement des échiquiers électroniques d’entrée de gamme, dans les années 90. Les 3 premiers modèles produits datent de la fin des années 80, et celui-ci en fait partie.

Ces 3 premiers échiquiers électroniques Yeno, malgré des similitudes sur le design, sont très différents et font appel à des logiciels de 3 programmeurs différents !

• Le 301 XL est un modèle d’entrée de gamme, avec un programme méconnu de Mark Taylor (ou Jon Green ? le débat fait rage parmi les spécialistes)
• Le 416 XL est un modèle milieu de gamme, avec un programme plus “classique” de Frans Morsch de bon niveau, et des fonctions d’apprentissage
• Enfin ce 532 XL est un modèle plus haut de gamme (en témoignent les écrans intégrés et le choix d’une diode par case), avec un programme d’Ulf Rathsman, celui de son module MM II (pour Hegener & Glaser), qui est aussi connu pour ses programmes pour Conchess

La boîte annonce un partenaire de haut niveau. Et ce 532 XL est d’ailleurs le modèle Yeno avec la meilleure estimation ELO (environ 1750), même si pour ma part je trouve que le 416 XL est plus coriace.

Autre particularité, ce modèle ne fonctionne que sur secteur. Il n’y a pas de compartiment pour des piles. Si l’on excepte les machines anciennes, il me semble que cette caractéristique est souvent associée au haut de gamme.

Malheureusement, l’utilisation du 532 XL se révèle décevante. D’une part, les pièces en plastique sont de qualité très médiocre, et surtout indignes d’une machine qui était la plus performante de la marque ! Là encore la comparaison avec le 416 XL, dont les pièces sont simples et efficaces, n’est pas flatteuse. On voit sur la photo ci-dessous que les finitions des pièces laissent à désirer. Quant au design de la Tour, je crois qu’on touche le fond ! Sans parler de la décoloration constatée sur un pion (ici en A2), pour laquelle il faut admettre qu’on ne peut écarter une responsabilité du précédent propriétaire.

J’en viens maintenant à un second défaut, particulièrement gênant : les capteurs de pression. Ces capteurs situés sous la surface de jeu enregistrent les coups joués et valident que les coups de l’ordinateur ont été exécutés sur l’échiquier. Selon les modèles, ils sont plus ou moins sensibles.

Ici, je constate des capteurs globalement peu sensibles (il faut donc appuyer plus fort sur les cases), mais surtout très hétérogènes. Sur certaines cases, c’est à peine si je parviens à faire enregistrer ma pression. Mais c’est aussi changeant dans le temps. Je pense que tout ceci, qui rend la machine très pénible à jouer, est avant tout le résultat d’une usure. Néanmoins je ne constate pas ce défaut sur d’autres capteurs de pression de la même époque. Peut-être ce 532 XL a-t-il faut l’objet d’une utilisation plus intensive, dans sa première vie.

Je crois aussi me souvenir que ce Yeno 532 XL a été mal noté sur la qualité des capteurs à sa sortie (cf. rubrique mensuelle dans Europe Échecs), ce qui indiquerait qu’il ne s’agit pas d’un défaut isolé mais d’une qualité insuffisante, se dégradant qui plus est avec le temps.

Du côté des bons points, évidemment il faut mentionner les deux écrans situés au-dessus de l’échiquier. C’est une fonctionnalité assez peu répandue à l’époque, et aucun autre Yeno n’en est équipé. Cela permet donc de disputer des parties chronométrées, avec différentes cadences de jeu préprogrammées dans les niveaux de jeu de la machine.

Ces écrans affichent également les coups de l’ordinateur, en complément de l’affichage par les diodes sur l’échiquier. Ils apportent également des informations dans l’utilisation des menus, par exemple pour régler le niveau de jeu. C’est un plus mais ce n’est pas indispensable non plus.

Parmi les options disponibles, j’ai testé le mode “Teach” qui se révèle très pratique pour les débutants en conjonction avec les 64 diodes de l’échiquier. Comme on le voit sur la photo, avec ce mode activé on repère aisément les différents déplacements possibles (légaux) d’une pièce après pression sur la case où elle se trouve.

Pour ce qui est de son niveau de jeu, le 532 XL m’a déçu avec comme impression d’ensemble, qu’il joue de façon inconstante. Par exemple, il se laisse piéger rapidement dans l’ouverture (malgré les 3000 variantes de sa bibliothèque), joue des coups peu logiques à l’occasion, mais peut aussi trouver quelques ressources tactiques brillantes. Je trouve le programme du 416 XL (de Frans Morsch) beaucoup plus équilibré.